"Et de la tête tranchée de la Gorgone Méduse jaillirent le pégase immaculé et l'homme né adulte."
Et cet homme né adulte n'eu pas d'enfance. Il s'envola dans le ciel d'où il récupéra une épée d'or tirée des rayons du soleil lui-même. Son corps de géant brilla au soleil quelques instants sous la vive lumière et il redescendit sur terre son épée à la main. Il se mua alors en ce qui semblait être un humain et partit sur la terre pour se mêler au monde des vivants, laissant derrière lui le corps décapité de sa mère.
Chrysaor naquit en être adulte et intelligent. Il décida de commencer sa vie par un voyage autour du monde, ne voulant s'arrêter sans avoir pu choisir le meilleur lieu sur terre pour vivre. Partant ainsi de rien, il traversa toutes les contrées de notre terre, bien avant les découvertes des européens il traversa le continent que désormais on appelle l'Amérique, il n'y vit que faune, flore et habitants sauvages qui lui ressemblaient dans leur comportement. Chrysaor s'établit au Pérou, dans un lieu froid où peu de gens vivaient. Il y resta des années, oubliant presque le monde des dieux et de leur mythologie. Mais le jour vint où sa nature le rattrapa et il dû quitter la vie qu'il s'était faite.
Chrysaor passa ensuite plusieurs années en bordure de mer, vivant simplement dans un petit cabanon avec sa femme Callirhoé, une océanide à la belle chevelure et au visage fin. Ils s’étaient mariés au bord de l’eau, la jeune femme resplendissante dans une robe des flots. Pourquoi il avait épousé une océanide ? Il la trouvait magnifique, elle aimait la nature tout comme lui et semblait éprise de lui. Ils connurent une petite vie paisible jusqu’à ce qu’à nouveau ils furent contraint de se mettre en mouvement. En effet les demi-dieux existaient déjà alors et les héros devaient toujours tuer des créatures. Mine de rien, Chrysaor représentait quand même un beau trophée et une océanide pouvait toujours faire joli sur un cv de sang-mêlé. Quoi qu’il en soit, le géant se fichait pas mal des dieux et de leur progéniture, si bien qu’à travers les siècles il ne pris jamais par aux guerres d’un point de vue idéologique. Bien sûr il s’était battu, mais toujours en contrepartie de quelque chose. Ce fut d’ailleurs lors d’une sanglante bataille que Chrysaor fut séparé de Callirhoé. Cela lui causa peu de peine, car il la pensait vivante, mais il se sentit dans un premier temps très seul, avant de prendre goût à cette solitude qui lui permettait d’être libre. Il erra pendant plusieurs semaines sur la terre, cherchant un lieu loin de tout, et s’en alla finalement vivre en forêt. Il y passa quelques années avant de se rendre compte que la paix ne lui allait pas et qu’il avait besoin de défouler ses instincts animaux.
Il se rendit dans l’Empire Romain pour pouvoir se constituer guerrier au service d’un homme qui le payerait. Mais il se mit à établir sa propre justice parmi ses hommes, décidant de qui méritait vie ou mort, selon ses humeurs et leurs actions, selon qu’il trouvait leur femme plaisante ou non, qu’il les trouvait intelligents ou trop serviles… Son sens inégal de la justice se fit rapidement remarquer et il décida de tuer ceux qui étaient contre lui. Laissant souvent des bains de sang derrière lui, il se fit connaître comme le Sanglant. Surnom qui lui allait plutôt bien sachant qu’il laissait littéralement une traînée de sang devant chaque cadavre, bien linéaire et d’une taille précise, comme une sorte de marque, qui ne le quitta d’ailleurs plus jamais pour ses multiples victimes. Il ne faut pas croire que Chrysaor devint sadique et sans cœur, il l’avait toujours été, mais la présence de la douce Callirhoé parvenait à l'apaiser alors que désormais plus personne ne calmait les fureurs et les violences qui l’agitaient.
Quelques millénaires plus tard (car ce qui se passa entre n’est peu important et ressemble à un voyage éternel autour de la terre, avec ou sans sa femme, seul ou avec d’autres jeunes demoiselles, avec violence ou en paix…), Chrysaor entra dans l’armée. Il y resta plusieurs années chez les Slovaques, puis chez les Anglais, pour en fin de compte pendant la première guerre mondiale être du côté des Allemands. Toutes les guerres qu’il avait vécues, les révolutions de plusieurs pays et les guerres civiles le dégoutèrent des prises de partie et il décida de mettre sa violence au service d’une cause que tous louaient : l’argent.
Ce furent les Russes qui le payèrent le plus grassement et il se rangea donc dans le rang soviétique, en tant que tueur et espion. C’était plutôt intéressant. Il joua ensuite pendant la guerre froide le rôle d’agent double (et oui, il avait trouvé le moyen d’exploiter la guerre pour gagner deux fois plus d’argent). Ainsi Chrysaor se fichait éperdument de la violence de la guerre, il ne la condamnait pas et même la chérissait, et il avait appris à faire le commerce de la violence. Au cours des cinq derniers siècles, le géant avait réussi à faire profit de toutes les situations, se retrouvant duc lorsqu’il le fallait, révolutionnaire quand le besoin se faisait ressentir, et même paysan lorsqu’il le du. Mais dans tout cela il resta toujours entouré de nombreuses femmes qu’il savait attirer à lui comme un aimant et qu’il aimait beaucoup.
S’étant constitué mercenaire, et ayant vu le centre d’impulsion du monde se déplacer de l’Europe vers l’Amérique du Nord, Chrysaor fit de même. Il suivait les gros capitaux, et les lieux où le taux de riches était le plus élevé. C’est là-bas qu’il avait le plus de chances de se faire de l’argent, il s’en était rendu compte car ce sont toujours les plus aisés qui ont les histoires les plus sombres. Les raisons qui le firent quitter l’Europe était également liées aux multiples ennemis qu’il avait pu s’y faire pendant le dernier siècle. Les grands brigands et ceux que l’on appelle désormais la mafia n’aimait ni voir leur travail volé par un seul homme, ni voir leurs hommes se faire descendre par ce même type. Le changement fut donc le bienvenu. A l’aube du XXIème siècle il s’était installé dans une petite vie tranquille dans une grande ville d’Amérique du Nord, dans laquelle il avait retrouvé Callirhoé, sa femme qu’il n’avait pas vu depuis deux cent ans, soit toute la partie où il s’était constitué militaire). Ils passèrent six mois tous les deux lors de retrouvailles… sportives, dans la maison qu’avait acheté Chrysaor et qu’ils allaient désormais partager. Chrysaor se fit appeler Chrys dans le monde des mortels et s’acheta un appartement dans New York, dans lequel il pouvait passer 3 à 5 jours de la semaine, les autres étant consacrés à sa femme. Il n’aimait toujours pas sa femme, que l’on se le dise, mais leur relation d’amitié était très forte et ils continuaient donc de vivre ensemble et d’avoir une relation physique.
Chrysaor continua d’avoir un travail demandant une certaine mobilité, pour pouvoir chasser ses victimes, lui permettant de ne pas être toujours au même endroit et de revisiter de nombreux magnifiques lieux et coins reculés de la planète où les gens tentent de le fuir. Il aimait tuer les gens, les blesser mentalement ou physiquement, mais surtout il aimait le moment juste avant leur mort, pour voir laquelle il allait leur donner. Celui qui mourrait en lâche subissait une mort atroce, celui qui mourrait en reniant ses idéaux il le brulait vif ou encore celui qui restait stoïque et n’avait pas peur de la mort, c’était le genre de victimes qu’il respectait un peu, se voyait offrir une mort rapide et peu douloureuse.
La nuit la créature était barman une semaine sur trois, dans des boites de nuit et dans des bars, pour se faire de l’argent et plus encore. Il aimait bien faire la fête et pouvait parfois se fondre après son service dans la masse des corps mouvant qui se trémoussait sur la piste de danse. Chrys avait toujours su s’adapter aux changements de civilisation, et il se plaisait énormément dans la nouvelle où les femmes étaient de plus en plus faciles à avoir, et les gens plus faciles à corrompre. Le seul bémol était qu’ils étaient également beaucoup plus facile à tuer et bon nombre d’entre eux n’opposaient pas grande résistance, c’était désolant.
C’est ainsi que vit toujours Chrysaor, se battant pour celui qui le paye, désintéressé de tout sauf de son profit personnel, et laissant sa réputation se charger de proposer ses services. Il vit au jour le jour, mettant un peu d’argent de côté mais très peu, considérant que l’argent est bien plus utile dépensé que dans une boîte gardée par de vicieux humains qui à chaque instant sont près à vous dépouiller. Il impose sa propre justice quand il le peut et a une vie tout de même très fêtarde et libertine. Il aime travailler en solitaire, ce qui lui permet d’avoir ce moment seul qu’il apprécie. Lorsqu’il a besoin de se sentir seul ou de se ressourcer, il va sur l’île des géants ou bien au Pérou, l’endroit le plus merveilleux du monde, dans les montagnes, là où il a pour la première fois établi son refuge et qu’il considère comme sa maison.